3E REVUE SYSTÉMATIQUE : INTERVENTION

CONTEXTE & OBJECTIFS

Les deux dernières décennies ont été le siège d’une augmentation du nombre de groupes extrémistes, d’incidents/crimes haineux et d’attaques ciblant certains groupes en raison de leur ethnie, appartenance religieuse, identité de genre ou allégeance politique. Ces attaques se sont globalisées, affectant de ce fait plusieurs sociétés à travers le monde.

Au cours de la dernière décennie, les préoccupations grandissantes concernant la violence extrémiste ont conduit les gouvernements à déployer des efforts importants et à investir des sommes considérables dans le développement de programmes visant à prévenir et à contrer la radicalisation et l’extrémisme violents (PEV/CEV). Le tout fut soutenu par une variété d’acteurs et d’organisations en dehors de la sphère traditionnelle de la sécurité nationale, par exemple les secteurs de la santé mentale, de l’éducation et du communautaire. L’inclusion de nouvelles approches, stratégies et parties prenantes a conduit à un changement sans précédent dans la prévention – un domaine qui, jusque-là, était principalement dominé par les approches de sécurité traditionnelles et souvent dirigé par les agences de renseignement et d’application de la loi. Malgré ces efforts et ces investissements, les connaissances actuelles sur les meilleures pratiques de prévention demeurent disparates et l’efficacité des pratiques présentement utilisées n’est pas encore clairement établie. Cela signifie qu’actuellement, des milliards de dollars sont investis à travers le monde dans des programmes dont l’efficacité et les effets secondaires potentiels sont inconnus.

Cela est particulièrement vrai dans le cas des programmes de prévention tertiaire, c’est-à-dire ceux visant à déradicaliser les individus, à les désengager des groupes extrémistes et à les réintégrer dans la société. En 2010, Horgan et Braddock ont conclu que a) aucun effort systématique n’avait été fait pour analyser ces programmes ou initiatives; b) il n’y avait pas de critère explicite pour ce qui était considéré comme une retombée positive; et c) malgré le succès largement médiatisé de ces programmes par certains gouvernements, il existait peu de données pouvant corroborer ce succès de façon indépendante. Cela signifie que les informations disponibles concernant l’efficacité des programmes de prévention tertiaire de la radicalisation violente restent une question d’opinion éclairée plutôt que de preuves empiriques claires. En outre, de nombreuses études prétendent être des « évaluations » même si elles ne répondent pas aux normes de base attendues de ce type d’études. Il s’agit d’un problème grave, car la mise en œuvre de programmes de prévention, sans une connaissance adéquate de leurs résultats et de leurs impacts potentiels, peut en fin de compte être contre-productive, stigmatisante et entraîner plus de torts que de bénéfices.

Pour combler cette lacune en connaissances, le RPC-PREV a effectué une revue systématique de la littérature sur l’efficacité des programmes de prévention tertiaire dans le domaine de la radicalisation violente. Les objectifs de notre revue systématique étaient les suivants :

  • Décrire les résultats des programmes de PEV tertiaires en termes de réduction du risque de radicalisation violente;
  • Identifier les modalités spécifiques de programmes associées à une plus grande chance de succès ou d’échec pour les populations visées;
  • Évaluer la qualité de la littérature afin d’identifier les lacunes dans les connaissances et les études auxquelles il convient d’accorder plus (ou moins) de poids dans l’interprétation des résultats; et
  • Formuler des recommandations préliminaires pour les prestataires de programmes, les décideur(-euse)s, les praticien(-ne)s et les chercheur(-euse)s travaillant dans le domaine de la PEV.

La revue visait à fournir une base de connaissances fiable, crédible et valide pour l’élaboration de lignes directrices basées sur les données probantes qui s’adresseraient aux praticien(ne)s, aux chercheur(-euse)s et aux décideur(-euse)s de différents secteurs.